Communautique, quand le communautaire prend l’Inforoute

Présentation de Monique Chartrand, directrice générale de Communautique, dans le cadre de l'événement Expertise du Québec.

Communautique a pour mission de mettre les technologies de l'information et des communications au service des milieux communautaire et populaire ainsi qu'au service des citoyens et citoyennes potentiellement exclus. Cette mission s’effectue dans une perspective d'élargissement de la vie démocratique et de la citoyenneté, tout en contribuant au développement d'espaces communautaires sur l'inforoute. Communautique est une expérience pionnière de formation auprès des populations défavorisées à l’usage des nouvelles technologies dont l’expertise peut servir à un échange d’expériences avec des organisations de la société civile.

Nos grands buts

  • Accroître l'accès aux technologies de l’information et des communications et aux inforoutes
  • Favoriser la prise en charge et l'autonomie des groupes communautaires, du milieu et des citoyennes et citoyens
  • Développer une culture télématique démocratique
  • Contribuer au développement de l'inforoute communautaire et des espaces communautaires
  • Contrer l'exclusion sociale liée aux technologies de l'information et des communications

Le travail effectué par Communautique au Québec depuis 1995 s’illustre tant par le nombre de personnes et d’organismes rejoints, de régions touchées, que par la richesse des partenariats développés. Communautique intervient auprès des milieux communautaires au plan de l’accès par la formation des intervenants, par l’apport en infrastructure, l’analyse et la réflexion, la recherche et l’innovation en matière de solutions appropriées aux milieux et par l’animation et la concertation à l’échelle régionale et nationale et avec un rayonnement au plan international.

La préoccupation de Communautique est de placer le mouvement communautaire dans l’espace des politiques canadiennes et québécoises en matière de technologies de l’information et des communications. Communautique soutient que le milieu communautaire, par ses contacts privilégiés avec les collectivités des milieux urbain et rural et les populations potentiellement exclues, est un acteur crucial pour la diffusion et l’appropriation des technologies.

Afin de contrer l’exclusion sociale liée aux technologies, Communautique agit donc comme un carrefour pour les organismes communautaires et les citoyens québécois. Il est perçu comme un lieu d’échanges, d’offre de services et de partenariats dans l’optique d’une appropriation réussie des technologies. Communautique est l’un des seuls groupes à réfléchir simultanément aux enjeux des technologies en se penchant sur l’outillage des groupes pour qu’ils utilisent les technologies en concordance avec leurs actions et leurs visées.

Inforoute – Points d’accès – Initiation de la population

En accord avec sa mission, Communautique a œuvré depuis ses débuts à initier et faire bénéficier le milieu communautaire de grandes initiatives gouvernementales en matière d’accès qui ont permis d’équiper, former des centaines de groupes, d’animer le milieu et ainsi de générer et faire connaître de nombreuses initiatives locales et régionales.

Communautique a développé, avec de nombreux partenaires un réseau de points d’accès dans plus d’une centaine d’organismes communautaires dans 9 régions du Québec afin d’y actualiser des activités d’appropriation des technologies auprès des populations en marge de ces développements.  Ainsi, entre autres, plus de 50 000 personnes ont pu être initiées au cours des trois dernières années. Communautique actualise et appui également des projets d’accessibilité pour les personnes handicapées et les personnes peu scolarisées.

Un espace associatif, pour un partage d’expériences en ligne

En 2004, Communautique a mis en place un Espace associatif sur le Web qui vise à offrir un lieu d’échange entre les groupes et les associations qui s’intéressent à l’utilisation des nouvelles technologies et qui veulent ensemble développer des usages propres à leurs missions. L’Espace associatif se veut un outil pour appuyer la participation citoyenne sur le nouvel espace public que constitue l'Internet.

L'appropriation des technologies de l'information et des communications est abordée par les groupes sociaux comme un outil de plus à intégrer à leur action visant à briser l'isolement et à accroître la participation citoyenne des populations défavorisées. Il leur importait de se doter de ce nouvel outil pour la réalisation de projets collectifs, pour les activités d'éducation populaire, pour soutenir et contribuer au développement social, local et à l'action communautaire et développer de nouvelles solidarités.

Cet Espace, qui intègre des applications Web développées en logiciel libre, accueille à ce jour une cinquantaine de récits d'expériences d'organismes du milieu communautaire et de l'économie sociale recueillis par Communautique.

L'inscription à l'Espace associatif permet aux membres d'accéder à divers services tels un forum de discussion, un calendrier, une page d'informations etc. Tous les organismes communautaires francophones, du Canada et d'ailleurs, peuvent ainsi devenir membres de l'Espace. Un forum en page d'accueil du site permet également à la population et aux intervenants et intervenantes des milieux communautaires d'échanger sur leurs préoccupations face à l'émergence de la démocratie en ligne.

Les concepteurs du site Espace-associatif.org n'ont pas ménagé les efforts pour s'assurer que le site soit entièrement accessible aux personnes aux prises avec des limitations fonctionnelles ou technologiques.

Cet espace associatif représente une innovation dans le réseautage communautaire et le maillage des organismes autour d'un dénominateur commun  soit : les nouvelles technologies.

La Plateforme québécoise de l’Internet citoyen

En 2002, suite à des consultations auprès du milieu, naîtra également un outil qui propose des pistes de solution pour combler le fossé numérique, des avenues pour une appropriation sociale et démocratique des technologies, des conditions à mettre en œuvre pour le développement d’un Internet renforçant l'exercice de la citoyenneté par l’inclusion de tous les citoyens et de toutes les citoyennes, il s’agit de la Plateforme québécoise de l’Internet citoyen.

Ce document permet d’affirmer que l’appropriation sociale des technologies doit être vue sous l’angle du droit à l’accès aux technologies. Ce droit doit être placé dans la foulée des droits humains tels le droit à la communication, le droit à l’éducation ou le droit pour tous et toutes de bénéficier des retombées du progrès technologique.

L’accès aux infrastructures et surtout à la formation doit valoriser et favoriser l’exercice de la citoyenneté et la participation collective, pour faire un plein usage du potentiel d’interactivité offert par les technologies dans les champs du social, de l’économique, du culturel et de la vie démocratique.

Notre organisme a su ainsi prendre position à propos de nombreux enjeux sociaux, comme la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, ou ceux de l’accessibilité, de la citoyenneté et de la démocratie en ligne. Communautique a d’ailleurs produit plusieurs mémoires à ce sujet. Nous souhaitons, dans la même lignée, pouvoir contribuer au développement des politiques liées aux nombreux enjeux pour la population et nous inscrire dans un plan d’action auquel donnera suite le Sommet.

Le Communautaire en ligne

Les réflexions de Communautique sur l’Internet citoyen concernent également les questions de la « démocratie en ligne » et du « gouvernement en ligne ». Communautique a pris position par rapport à ces deux thèmes afin d’éclairer le milieu communautaire sur la nature des enjeux impliqués et pour faire entendre la parole du milieu communautaire auprès du gouvernement. Animant un Comité d’analyse1 sur le gouvernement en ligne, Communautique a organisé en octobre 2004, une Journée de réflexion sur le gouvernement en ligne et, en avril 2005, une Journée de réflexion sur la démocratie en ligne.

Nous avons donc devant nous le défi de construire démocratiquement la Société de l’information en fonction de trois grands chantiers :

  • Celui de résoudre les problèmes de l'accès et de l'éducation.
  • Celui de bâtir des ponts entre ceux qui sont branchés et ceux qui ne le sont pas et de contrer le renforcement des inégalités sociales et de la démocratie actuelle telle qu'elle est.
  • Celui d'appuyer l'action collective des citoyennes et des citoyens pour développer le débat public et l'émergence de nouvelles formes de participation à la vie politique et démocratique.

Concernant le premier chantier, de nouveaux efforts devraient être faits pour contrer la fracture numérique et les différents problèmes d'accessibilité. Ce qui devrait aussi être accompagné de programmes d'éducation large de la population aux enjeux de la société du savoir.

Concernant le deuxième chantier, il nous faut développer une culture et des pratiques de partage, de collaboration, de lutte à la pauvreté, de promotion de politiques sociales et de redistribution plus équitable de la richesse. Il faut que la partie de la société qui a accès aux nouvelles technologies et aux différents services et qui peut participer activement sur Internet puisse mettre ses connaissances au service de solutions aux problèmes sociaux, puisse partager leurs connaissances, leurs expertises, leurs compétences pour se solidariser avec le reste de la société.

Les groupes communautaires ont un rôle à jouer dans le renouvellement de la démocratie, dans l'activation d'un espace public riche et générateur d'alternatives et de solutions aux problèmes sociaux.

Ils ont aussi un rôle à jouer pour aider à construire une voix collective, pour organiser la réflexion, le débat et la participation citoyenne. La démocratie en ligne demandera aux citoyennes et aux citoyens des responsabilités, mais elle devra aussi offrir des droits que les groupes communautaires pourront contribuer à défendre, à protéger.

Nous avons reçu l’appui du gouvernement du Québec pour préparer un rapport de positionnement de la société civile sur ce thème, une initiative en cours que nous voulons partager avec d’autres groupes de la société civile qui sont présents à Tunis.

Du libre à l’international

Communautique développe et offre également des ateliers de sensibilisation aux logiciels libres. Pour les groupes associatifs et communautaires, la philosophie coopérative du logiciel libre constitue une solution informatique attrayante. Ainsi, des éléments concrets peuvent justifier un tel choix, comme la philosophie du partage des connaissances et du code source en permettant et en encourageant les groupes à mettre en commun leurs efforts dans leur développement technique. Différentes activités en partenariat avec les organisations oeuvrant dans cette voie ont été réalisées, culminant sur une participation d’une délégation de Communautique au 6ième Forum international sur le logiciel libre de Porto Alegre en juin 2005.

La participation passée et récente de Communautique, entre autres, à des évènements comme le Forum social mondial en 2002 et 2005), le congrès Global CN 2002, le Forum sur le libre en 2005, les échanges au Comité d’étude sur la démocratie en ligne (CÉDEL) sur les différentes perspectives d’usages en émergence des TIC dans le monde, le suivi des enjeux sur le Sommet mondial, l’organisation d’une journée de travail sur ces enjeux le 29 avril 2005, la participation à la rencontre de l’UNESCO en mai 2005 à Winnipeg, nous permettent de développer un échange d’expertise et un rayonnement au plan international. Communautique a également établi des liens avec d’autres organisations dans différents pays que nous voudrions consolider dans le cadre de cette grande rencontre internationale du Sommet mondial sur la Société de l’information.

1 À la suite de la Journée d'octobre 2004, ce comité est devenu le Comité d'étude sur la démocratie en ligne (CÉDEL).

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